Le Conseil de déontologie journalistique et de médiation (CDJM) a publié trois nouveaux avis, adoptés en séance plénière le 10 novembre 2020 et consultables sur le site, avec toutes les décisions précédentes.
20-070 / Interview d’un boulanger lyonnais sur BFM TV
Cette saisine porte sur une séquence diffusée par la chaîne BFM TV le 2 mai 2020 dans son journal du matin, également disponible sur son site sous le titre « Le coup de fil d’Emmanuel Macron à un boulanger lyonnais pour parler du confinement ».
Son auteur regrette que le commerçant contacté soit présenté « comme un boulanger lambda. Sauf que ce monsieur est ami de M. Collomb, maire de Lyon, et a figuré sur une liste électorale de ce dernier […], ce qui n’est pas précisé par le média ».
Le CDJM constate que Philippe-Marc Jocteur, l’interlocuteur du Président, s’est en effet présenté par deux fois aux municipales sur les listes de Gérard Collomb, ancien ministre et proche d’Emmanuel Macron ; un parcours mentionné dans plusieurs articles accessibles en ligne et qui aurait dû être précisé lors de la diffusion et la première mise en ligne.
Il relève que cette précision figure bien dans un second article, publié quelques heures plus tard sur le site de la chaîne.
▶ Sur la base de ces éléments, la saisine a été déclarée partiellement fondée : le CDJM considère que certaines règles de déontologie journalistique n’ont pas été entièrement respectées.
20-103 / Article du HuffPost sur l’interdiction des animaux de compagnie en Corée du Nord
Cette saisine porte sur un article publié par le HuffPost le 18 août 2020 et initialement titré « Kim Jong-Un ordonne aux Nord-Coréens d’abandonner leurs chiens pour qu’ils soient mangés ». Son auteur reproche à ce média d’utiliser « comme unique source le journal sud-coréen Chosun Ilbo, sans préciser que la ligne éditoriale du journal est ultra réactionnaire et ouvertement contre le régime nord-coréen ».
Le CDJM a constaté que plusieurs enquêtes, facilement accessibles en ligne, ont montré que le Chosun Ilbo diffuse régulièrement de fausses nouvelles à propos de la Corée du Nord, comme l’exécution d’une ex-petite amie du dictateur ou celle du diplomate intermédiaire dans les négociations avec les États-Unis.
Le CDJM estime que si le travail des journalistes est rendu compliqué par l’isolement de la Corée du Nord, cette difficulté ne peut exonérer ni du nécessaire travail de vérification et de contextualisation, ni du recul et des précautions d’écriture et de présentation indispensables dans la reprise d’informations publiées par d’autres médias.
▶ Sur la base de ces éléments, la saisine a été déclarée fondée : le CDJM considère que certaines règles de déontologie journalistique n’ont pas été respectées.
20-107 / Article-fiction de Valeurs actuelles sur Danièle Obono
Cette saisine porte sur un article publié par le magazine Valeurs Actuelles le 27 août 2020 et titré « Les couloirs du temps – 7e épisode – Obono l’Africaine ». L’auteur de la saisine dénonce une atteinte à la dignité de Mme Danièle Obono, députée de La France insoumise.
Le CDJM note que si ce récit est présenté comme une œuvre de fiction, il se revendique aussi comme un acte journalistique : son introduction fait référence à l’actualité et en attribue la rédaction à ses journalistes, « fins connaisseurs des arcanes des univers qu’ils décrivent », qui utilisent ce format « pour mieux questionner notre temps et dévoiler l’absurdité de notre époque ».
Le CDJM considère que placer Mme Danièle Obono dans une situation d’esclave, et la représenter, dans les illustrations accompagnant le texte, nue, affublée d’un collier de fer au cou et de chaînes, constitue – entre autres détails méprisants du récit – un traitement dégradant et attentatoire à sa dignité.
Le CDJM relève que l’hebdomadaire a, dans un communiqué, présenté ses excuses à l’intéressée
▶ Sur la base de ces éléments, la saisine a été déclarée fondée : le CDJM considère que certaines règles de déontologie journalistique n’ont pas été respectées.
En chiffres
Depuis le début de l’année, le CDJM a reçu 122 saisines de la part du public, portant sur 80 actes journalistiques différents. Parmi elles, 17 ont fait l’objet d’un avis, 42 ont été jugées irrecevables, et 21 sont en cours de traitement