Reporters sans frontières (RSF) se félicite du soutien massif qui a permis la libération conditionnelle de son représentant en Turquie, Erol Önderoglu, ce 30 juin 2016, après dix jours de détention à Istanbul. L’organisation appelle toutefois à rester mobilisés pour obtenir la levée des poursuites intentées contre lui et les autres participants à une campagne de soutien au journal Özgür Gündem, menacé par les autorités turques.
L’annonce de l’emprisonnement d’Erol Önderoglu, lundi 20 juin, aux côtés de Sebnem Korur Fincanci, présidente de la Fondation des Droits de l’Homme (TIHV), également libérée aujourd’hui, et de l’écrivain-journaliste Ahmet Nesin, avait soulevé un tollé dans le monde entier, les autorités turques marquant ainsi une nouvelle étape dans leur volonté de réprimer les opinions dissidentes.
Des militants et amis journalistes en Turquie au secrétaire général de l’ONU, ce sont des dizaines d’ONG, d’associations, de responsables politiques et de personnalités médiatiques qui ont dénoncé publiquement cette atteinte au symbole même de la liberté de la presse en Turquie. RSF remercie chaleureusement tous ceux, anonymes ou non, qui ont permis à Erol Önderoglu et Sebnem Korur Fincanci de sortir de leurs prisons.
« Notre arrestation a montré que les pressions traditionnelles contre les journalistes s’étendaient de plus en plus à l’ensemble de la société civile critique, a déclaré Erol Önderoglu à RSF à sa sortie de prison. A l’heure où les autorités turques tentent de restaurer leur crédibilité auprès des institutions européennes, il est grand temps qu’elles respectent les standards du droit international en matière de liberté d’expression. »
“Nous sommes bien sûr ravis de savoir Erol et Sebnem en liberté, déclare Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. Ils n’auraient jamais dû passer un jour en prison. Mais l’affaire ne fait que commencer et la mobilisation ne doit pas faiblir : nous demandons encore une fois la libération immédiate d’Ahmet Nesin et l’abandon des poursuites contre tous les participants à la campagne de solidarité avec Özgür Gündem.”
Comme l’ont souligné à ce jour une cinquantaine de journalistes à travers leur courageuse action de solidarité avec Özgür Gündem, le pluralisme est en danger de mort en Turquie. De nombreux professionnels des médias restent emprisonnés et les poursuites abusives se comptent par centaines. La mobilisation est plus que jamais nécessaire pour enrayer la dérive autoritaire d’Ankara et soutenir les journalistes.
La Turquie occupe la 151e place sur 180 dans le Classement 2016 de la liberté de la presse, publié par RSF.